Comme la menace terroriste, la pandémie Vih-Sida, l’épidémie de fièvre hémorragique Ebola fait partie de ce que l’on qualifie dans les cercles stratégiques mondiaux de « Global Issues ». Son occurrence, liée à la mobilité humaine, elle même attachée à la mondialisation, peut affecter tout groupe humain. Quelque soit sa position géographique. Et davantage les grandes démocraties où la liberté de circulation est un pilier des valeurs communément consacrées aussi bien légalement que constitutionnellement.
A l’opposé des suspicions primaires entendues ça et là, je comprends ainsi pourquoi le gouvernement américain, le président Obama en tête, en fait une préoccupation de « sécurité nationale ». Ainsi ils ne se limitent plus à des aides médicales urgentes telles que demandées par les gouvernements des Etats où se trouvent les foyers de ce virus mortel. Ils tentent d’investir dans la durée.
Outre notamment la fourniture de vaccins expérimentaux entrepris depuis la veille du Sommet US Africa de début août 2014, l’administration Obama a décidé l’envoi de 3000 militaires sur place au Liberia.
« Pourquoi des militaires plutôt que des civils s’il n’y a pas une volonté d’occuper militairement ce pays? » me demande-t-on dans certaines discussions sur des réseaux sociaux. Pour moi l’explication est simple et logique: l’opération spéciale décidée par les USA étant essentiellement publique, aucune entité publique autre que l’Armée, ne peut fournir 3000 agents mobilisables tout de suite. Or l’armée US, comme d’ailleurs toutes les armées du monde, est un corps multidisciplinaire comprenant des personnels médicaux, des ingénieurs, etc.
Leur principale mission: assister les autorités libériennes visiblement dépassées de à mettre en place au Liberia, le principal foyer du virus, un embryon d’infrastructures médico-sanitaires necessaires. Seul en effet un système médical qualifié peut, à défaut de l’éradiquer à court terme, assurer à moyen terme une sorte de « containment » de cette maladie.
En le faisant, les dirigeants américains assurent l’intérêt sanitaire des Américains qui ont des liens historiques et quotidiens importants avec le Libéria. C’est l’essence même du mandat que leurs populations leur ont confié en leur accordant leurs suffrages.
Je souhaite ce que nos Etats, peuples et dirigeants, comprennent ainsi ces enjeux et fassent preuve de véritable solidarité envers nos frères et soeurs d’Afrique de l’Ouest, actuellement déboussolés par l’avancée de cette épidémie. Le choix des barricades aux frontières me semble la pire des solutions.
AGA